Le Bureau du coroner annonce le dépôt des rapports de la coroner Jessica Tremblay, portant sur le décès de six hommes dans le cadre d'une expédition de
Six décès de motoneige au Lac-Saint-Jean: Voici le rapport du coronner qui explique la cause suite de cette tragédite.
Voici les détails du rapport du corroner
Rappel des faits
Le 21 janvier 2020, six motoneigistes ont péri lorsque leur motoneige a sombré sous les glaces du Lac-St-Jean.
L'enquête du corroner a a permis de faire la lumière sur les causes et circonstances de ces décès tragiques.
La coroner Tremblay a présenté aujourd'hui ses conclusions et recommandations afin d'éviter que de tels décès ne se reproduisent.
Rappel des faits Le 20 janvier 2020, un groupe de huit touristes français prend part à une expédition en motoneige organisée par une entreprise.
Un guide professionnel québécois est mandaté par l'entreprise pour accompagner le groupe jusqu'à la fin de son séjour devant se terminer le 24 janvier 2020.
Après une première nuit dans le secteur de la Ville de La Tuque, les membres du groupe débutent leur excursion de la journée du 21 janvier 2020 aux alentours de 9 h et se dirigent vers la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, en direction du secteur de Saint-Gédéon, où il est prévu qu'ils passent la nuit.
Dans le secteur de Saint-Henri-de-Taillon, une portion du sentier balisé portant le numéro 93 est tracée directement sur les berges du Lac-Saint-Jean.
Arrivé à l'entrée d'une courbe à 90 degrés, où le sentier balisé délaisse les berges du Lac-Saint-Jean, le guide s'arrête et adresse quelques recommandations aux autres membres du groupe.
Ensemble, ils quittent le sentier balisé à destination de Saint-Gédéon, situé à environ 8 kilomètres en passant directement par le Lac-Saint-Jean.
Conformément aux directives émises par le guide, les motoneigistes français le suivent et forment une file. Bien que la nuit soit déjà tombée, ils sont ainsi en mesure de localiser la lumière arrière de la motoneige qui circule devant.
Après quelques minutes de randonnée sur les glaces du Lac-Saint-Jean, les cinq premiers motoneigistes français qui suivent le guide sombrent dans une première ouverture formée dans la glace.
Constatant dans son rétroviseur qu'il ne voit plus les lumières des motoneiges qui devaient le suivre, le guide fait demi-tour à la recherche des membres du groupe.
Pendant ce temps, un des motoneigistes français circulant en septième position dans le convoi tombe à son tour dans un deuxième trou formé dans la glace.
Le pilote parvient à s'accrocher aux glaces. Les deux derniers motoneigistes arrivent à contourner le trou et tentent de secourir leur compagnon.
Durant les manoeuvres de sauvetage, un des deux derniers motoneigistes du convoi tombe lui aussi dans cette faille.
Le troisième motoneigiste fermant la lignée leur porte assistance et les deux motoneigistes en difficulté parviennent à s'extirper des eaux.
Le guide arrive alors à la hauteur des trois derniers motoneigistes et constate leur détresse. Il les informe qu'il ne parvient pas à localiser les cinq autres membres de l'expédition. Il leur demande alors d'attendre prudemment jusqu'à ce qu'il revienne avec les autres.
Les trois derniers motoneigistes patientent quelques minutes, mais, constatant que leur guide ne revient pas, décident de retourner vers la terre ferme pour quérir de l'aide.
Ces survivants parviennent à se rendre dans une station-service de Saint-Henri-de-Taillon aux alentours de 19 h 30, où ils appellent des secours.
Selon l'endroit où le corps du guide a été retrouvé, il est clair que ce dernier est retourné secourir les motoneigistes qui manquaient à l'appel. Il est toutefois tombé à son tour dans les eaux.
Les cinq motoneigistes français, soit MM. Gilles Claude, Julien Benoit, Yann Thiery, Arnaud Antoine et Jean-René Dumoulin, ainsi que leur guide, M. Benoit Lespérance, sont décédés par noyade.
Analyse
Le 19 janvier 2020, huit touristes français ont atterri au Québec afin de participer à une expédition de motoneige. La plupart des membres du groupe avaient déjà participé à des aventures semblables au Québec, mais pour d'autres, il s'agissait de leur première expérience.
Dès la première soirée, les membres du groupe ont fait connaissance avec le guide. Cinq des participants le connaissaient déjà, puisqu'il avait été leur guide lors de précédents séjours.
Le lendemain, soit le 20 janvier 2020, l'aventure a débuté par la location des équipements nécessaires. Sur place, une courte formation d'une dizaine de minutes sur les bases de la pratique de la motoneige a été offerte aux participants, mais aucune formation pratique n'a été dispensée. Pour certains participants, cette courte formation leur aura donc fourni les seules connaissances, en ce qui concerne la motoneige, dont ils ont bénéficié.
Pour le guide, ce genre d'expédition était courant, et il avait eu l'opportunité d'accompagner des groupes semblables par le passé.
Selon les informations recueillies par les policiers, c'était un guide expérimenté et formé adéquatement.
Selon les informations obtenues lors de l'investigation, il appert que ce dernier n'en était pas à son premier séjour dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Au cours de l'après-midi du 21 janvier, le guide aurait mentionné à quelques personnes sur sa route son intention de prendre un raccourci à partir du secteur de Saint-Henri-de-Taillon, en passant directement sur les glaces du lac, chemin qui ne lui était vraisemblablement pas familier. Il ressort de l'investigation qu'il aurait pris cette décision de son propre chef, et non en réponse à une demande des autres motoneigistes. Il appert donc que la sortie du sentier balisé ne serait pas le résultat d'une erreur, mais bien d'une décision du guide, que les conditions météorologiques ne seraient pas en cause dans l'accident, pas plus que la vitesse ou la condition mécanique des motoneiges. Il ne fait nul doute que le secteur vers où le guide a mené le groupe était à risque.
Pour se rendre à Saint-Gédéon, le groupe devait passer par le bout de la Pointe Wilson, à proximité de l'embouchure d'une rivière appelée la Grande Décharge et effectuer environ 8,1 kilomètres à vol d'oiseau.
L'accident s'est produit entre le Chemin de la Pointe Wilson à Saint-Henri-de-Taillon, l'île Beemer et l'île Morel. En effet, les courants forts de la rivière Grande Décharge combinés aux conditions climatiques contribuent à rendre les glaces très friables à certains endroits sans que cela puisse être perceptible.
Le 21 janvier 2020, lorsque le groupe a quitté les sentiers balisés et s'est dirigé sur les glaces du Lac-Saint-Jean, aucune signalisation n'aurait pu lui permettre de connaître le réel danger auquel celui-ci s'exposait. Par ailleurs, les motoneigistes ne disposaient pas d'un moyen technologique pour communiquer entre eux ou faire appel aux secours. En présence d'un danger, les membres du groupe auraient pu alors prévenir plus facilement les autres, ce qui aurait été utile dans une telle situation.
Au cours des dernières années, on recense, au Québec, plusieurs incidents impliquant des motoneigistes inexpérimentés. À la suite des différentes recommandations émises par des coroners, le gouvernement du Québec a adopté en décembre 2020 un projet de loi visant à modifier la Loi sur les véhicules hors route afin de mieux encadrer la pratique de la motoneige en resserrant les règles, offrant ainsi un environnement plus sécuritaire pour l'ensemble des utilisateurs de motoneiges qui empruntent notamment les sentiers balisés. À ce titre, la loi prévoit des mesures additionnelles en introduisant l'obligation de suivre une formation pour conduire un VHR lors de la location de ce type de véhicule. Elle prévoit également qu'une personne devra avoir complété et réussi une formation reconnue par le ministère du Tourisme pour guider professionnellement une excursion en VHR.
Recommandations
À la lumière des enjeux soulevés par l'analyse des causes et des circonstances de ces décès et afin de protéger la vie humaine, Me Tremblay formule les recommandations suivantes :
À la Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec :
d'améliorer spécifiquement la signalisation dans le secteur du sentier balisé aménagé dans la zone où est survenu l'accident afin d'éviter toute ambiguïté?;
d'installer des panneaux de signalisation aux endroits appropriés où les sentiers balisés sillonnent les abords d'un lac ou d'une rivière afin d'aviser leurs membres des dangers réels de circuler sur ces plans d'eau l'hiver et de réitérer l'importance de demeurer dans les sentiers qui offrent un environnement sécuritaire.
Au ministère des Transports du Québec, au ministère du Tourisme du Québec et à la Fédération des Clubs de Motoneigistes du Québec :
de poursuivre et d'intensifier leurs efforts à l'aide d'activités de sensibilisation auprès des adeptes de motoneiges quant aux risques encourus de noyade lorsqu'ils circulent sur les lacs ou les rivières l'hiver hors des sentiers balisés sécurisés?;
de rappeler aux adeptes de motoneiges l'importance d'avoir à leur disposition des équipements technologiques de repérage pour des interventions rapides tels que le système de localisation par satellite (GPS) ou des balises de détresse, et de disposer d'un moyen pour communiquer avec des proches ou des secours (radio émetteur récepteur, téléphone satellite, etc.) en cas de nécessité?;
de rappeler aux entreprises de location de motoneiges l'importance de mettre à la disposition des locataires des équipements technologiques de repérage pour des interventions rapides tels que le système de localisation par satellite (GPS) ou des balises de détresse et de disposer d'un moyen pour communiquer avec les proches ou des secours (radio émetteur récepteur, téléphone satellite, etc.).
À la Société de sauvetage du Québec :
de poursuivre et d'intensifier ses efforts d'éducation et de sensibilisation auprès des adeptes de motoneiges quant aux risques encourus de noyade lorsqu'ils circulent sur les lacs ou les rivières l'hiver hors des sentiers balisés sécurisés.
Vous pouvez obtenir une copie des rapports d'investigation en transmettant votre demande par courriel au Service des communications du Bureau du coroner à l'adresse suivante : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
SOURCE Bureau du coroner
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